LE DERNIER TITRE DE RAZGATLIOGLU : « J’ai toujours eu un rêve : devenir Champion WorldSBK, maintenant je l’ai fait trois fois »
L’un des pilotes les plus spectaculaires du WorldSBK tire sa révérence avec un troisième titre mondial avant son passage en MotoGP.
Toprak Razgatlioglu (ROKiT BMW Motorrad WorldSBK Team), triple Champion MOTUL FIM World Superbike, un pilote indescriptible, imparable et rapide, s'apprête à relever un nouveau défi en MotoGP en 2026. Il n'aurait toutefois pas pu terminer sa carrière sur une note plus positive, puisqu'il a remporté son troisième titre WorldSBK lors de la dernière manche de la saison, avant de se lancer vers sa nouvelle aventure en MotoGP.
DÉBUT DE SAISON COMPLIQUÉ : « Nous n’avons pas fait un bon week-end, j’ai tout de suite pensé que gagner le Championnat serait très difficile »
La défense de titre a mal commencé mal. Une blessure à l’index droit après une chute en enduro en hiver a réduit son temps de préparation. Ajoutez à cela des tests de pré-saison perturbés par la pluie et une nouvelle BMW M1000 RR homologuée qu’il ne connaît pas encore. Dès Phillip Island, les limites se dévoilent : deuxième de la Course 1, aucun point au terme de la Course Superpole, abandon en Course 2 faute de grip.
Le retour en Europe, notamment à Portimao, lui permet de remettre les choses en ordre. « L’hiver, j’aime rouler en enduro, mais je suis tombé et je me suis cassé le doigt, a-t-il confié. J’ai été opéré et j’ai manqué des essais. Ils ont changé les règles, nous ne pouvions pas faire beaucoup de tests avec le nouveau châssis. Nous avons dû aller directement à Phillip Island. La moto ne fonctionnait pas : moins de grip, elle tournait mal, c’était comme une autre moto. On n’a pas fait un bon week-end et j’ai pensé que gagner le titre serait très difficile. Après le retour en Europe, surtout après Assen, j’étais anéanti. Sous la pluie dans la Course Superpole, c’était parfait, mais sur le sec, la moto détruisait les pneus. J’ai arrêté de penser aux règles et à la moto, je me suis juste concentré sur mon travail. Et plus je faisais ça, plus je montais sur le podium et je gagnais. Quand j’ai signé pour MotoGP, ça m’a relaxé. À Misano, j’ai recommencé à prendre du plaisir, j’ai fait le triplé. Ducati est normalement très fort là-bas et tous les patrons venaient. Je devais les battre. Le plan a fonctionné. »
DU RESPECT ENTRE RIVAUX : « Cette année, on a fait beaucoup de belles courses ensemble, surtout à Portimao et Aragon »
Même une fois lancé, Toprak a dû composer avec un Nicolo Bulega (Aruba.it Racing - Ducati). L’Italien profite d’un début de saison difficile de Toprak pour s’échapper : triplé à Phillip Island, il l'a privé d'un triplé à Most, puis il a enregistré deux victoires pour mettre un terme aux 13 succès de suite du Turc à Aragon. Leurs passes d’armes, photo finish à Portimao, duel d’Aragon, font déjà partie de l’histoire. « Il est très fort à chaque week-end, a déclaré Razgatlioglu. L’an dernier, on ne s’est pas beaucoup battus. Cette année, c’était chaque week-end. Ducati et lui progressent beaucoup. Je le respecte : en rookie, il a été incroyable. Cette saison, il est revenu encore plus fort. À part Assen, où il a connu un week-end difficile, il a toujours été devant. Cette année, on a fait beaucoup de belles courses ensemble, surtout à Portimao et Aragon, où c’était très spécial. »
UN TITRE QUI SE JOUE À UNE COURSE : « Sur une course de 20 tours, tout peut arriver : un problème technique, une chute… ça m’a stressé »
Toprak arrive à Jerez avec 39 points d’avance. Large, mais loin d’être suffisant contre un Bulega redoutable sur ce circuit. L’Italien lui a repris cinq points en Course 1.
La Course Superpole a fait exploser la tension : contact au virage 5 dès le premier tour, Toprak chute. Bulega gagne, l’écart tombe à 22 points. Le Turc doit marquer trois points en Course 2 pour être sacré, mais sa moto vient d’être réparée sans roulage préalable. « Le vendredi à Jerez n’était pas bon. En test, la moto était parfaite, mais pas en week-end de course. Le samedi, on a amélioré la moto et j’ai fini deuxième. Dans la Course Superpole, au virage n° 5, Bulega m’a touché et je suis tombé. J’étais vraiment en colère. On s’est beaucoup battus, mais on ne s’était jamais touchés. Pour la Course 2, je me suis dit que je devais me calmer. Je devais finir dans le Top 10. Ce n’est pas facile : sur 20 tours, tout peut arriver. Un problème, une chute, et tout aurait pu être détruit. J’étais stressé. Après le départ, j’ai roulé calmement. Quand quelqu’un me poussait, je ne voulais pas me battre. Après quelques tours, j’ai compris que le podium était possible. »
LA TROISIÈME CONSÉCRATION : « J’ai rêvé de ce moment toute la saison. Le burnout devant tout le monde… je l’ai vraiment savouré »
Une fois la ligne franchie, la pression retombe. Le Turc célèbre dans la voie des stands par un long burnout, entouré de son staff. Avec trois titres, il rejoint les grands de la discipline : Troy Bayliss, Carl Fogarty et Jonathan Rea. « Quand la course s’est terminée, on s’est tous détendus. Le travail était fait. On a vécu une saison incroyable. Je ne dis jamais “je suis Champion”, je dis “nous sommes champions”. C’était la meilleure célébration. J’ai rêvé de ce moment toute la saison. Faire ce burnout devant tout le monde, avec cette vue parfaite… j’ai adoré. J’ai toujours eu un rêve : devenir Champion du Monde Superbike. J’aurais accepté un titre. Maintenant j’en ai trois, c’est incroyable. Je suis heureux, mais aussi un peu triste de rejoindre le paddock MotoGP. J’ai l’impression d’être né dans le paddock WorldSBK. Je connais tout le monde, je parle à tout le monde. Je vais vraiment manquer ça. Merci beaucoup à tout le WorldSBK. »
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